Depuis plusieurs années je tricote en public. Que ce soit à la salle d’attente chez le dentiste, sur le banc d’un parc ou dans un café. À chaque fois, au moins une personne inconnue m’aborde et me dit : «Je tricote aussi!» ou encore «Je connais une telle qui tricote!». Le nombre de rencontres intéressantes et enrichissantes que le tricot m’a procuré ne se calcule plus! On retrouve dans l’essence même du tricot une mémoire collective qui permet de tisser des liens.
Également, je me suis joins à plusieurs types de rencontres entre tricoteuses, des plus formelles au plus décontractées. À chaque fois, j’ai observé la création de liens et des échanges qui prenaient la forme de confidences (pas nécessairement à la première rencontre! Je vous rassure!). Qu’est-ce qui est si puissant avec la pratique du tricot? Tout d’abord, le fait de tricoter est un excellent brise-glace car il permet d’établir un point commun pour les personnes présentes, ce qui facilite grandement la prise de contact et permet d’entretenir la conversation : «Avec quelle fibre travailles-tu», «Quel beau patron, comment s’appelle-t-il?» ou encore «Quelle est cette technique, j’aimerais l’apprendre!». Il est alors beaucoup plus facile d’initier une conversation que de parler de la pluie et du beau temps. On sent déjà, par les questions suscitées, l’odeur du partage qui germe. Plus les personnes du groupe apprennent à se connaître et plus l’entraide apparaît. Ce qui est extraordinaire, c’est que cette caractéristique reliée aux fibres est ensuite transférable dans d’autres sphères de la vie. Tricoter permet également de réunir des personnes de tous horizons. Il n’est pas rare d’observer autour d’une table des personnes provenant de divers milieux, des secteurs d’emploi différents ou encore de diverses origines. En partageant une passion commune, elles s’ouvrent aux autres et à la richesse que chacune peut apporter au groupe. Aussi, le tricot rassemble divers groupes d’âges. Étant un art relativement facile à apprendre et demandant peu d’habiletés, il rejoint autant les enfants, les adolescents, les adultes que les personnes âgées. Des liens intergénérationnels peuvent alors se développer à partir de la pratique du tricot, les uns enrichissants les autres par ses connaissances, sa curiosité, sa sagesse, sa patience ou encore son énergie. De plus, les recherches démontrent que les femmes ont une tendance naturelle à se rassembler lors de moments difficiles ou de stress afin de mettre à profit la force du groupe. Ainsi, une telle parle de ses questionnements avec ses enfants, une autre au niveau de ses relations difficiles au travail, une autre qu’elle est en recherche d’emploi. Ce phénomène est encore plus fort lorsque la pratique d’un art manuel est présente, tel que le tricot. Pourquoi donc? À cause du mouvement répétitif des mains! Lorsqu’on les effectue, ils viennent activer des zones dans notre cerveau qui font en sorte que le niveau habituel d’inhibition diminue et que les personnes se confient plus facilement aux autres. Cette mécanique est excellente pour appuyer les personnes ayant besoin de partager leur vécu avec d’autres. Le parcours de l’une, les connaissances de l’autre et l’écoute d’une autre pourront certainement être utiles et appréciés et permettre à toutes de grandir. Le partage des tracas et le soutien des pairs est donc monnaie courante dans ces rencontres. Ce qui est dit dans une rencontre de tricot doit y rester! L’engagement de chacune à cet égard est primordial! Allons! Trainons nos aiguilles, sortons-les régulièrement en société car elles contribuent à tricoter le «feel» commun de bien des gens et à humaniser notre société. Une maille à la fois… Annie Jeanson www.facebook.com/tricotersonfeel |