Garder le meilleur pour la fin! Vous connaissez? J’ai fais ça toute ma vie. Quand j’étais petite, je mangeais les bonbons que j’aimais le moins pour garder les meilleurs pour la fin, entre temps mes ami(e)s m’en demandais et comme on m’avait appris à partager et bien les meilleurs allaient finalement aux autres. Dans le pain, ce que je préfère c’est la croûte, croustillante et dorée de la baguette, mmmmhhh…. je la gardais toujours pour la fin du repas avec le fromage, oui il faut vous dire que je suis française d’origine, alors le fromage c’est sacré!! Seulement ma grand-mère, que j’adore malgré tout ;), arrivait toujours à me prendre ce petit bout de trésor conservé sous prétexte de «ne pas gâcher»…cela ma rendais furieuse et pourtant j’ai continué comme ça, encore et encore…. Il ya quelques jours, il était 15h00 et je n’avais pas pris le temps de diner. Je commençais à avoir vraiment très faim, je me suis donc acheté un club sandwich au dépanneur du coin…mouais, mangeable mais vraiment rien d’extraordinaire. Je voulais me trouver un coin un peu plus sympa que le béton environnant pour déguster mon « festin » avant mon prochain rdv, mais me voilà prise dans un embouteillage sur la King à Sherbrooke. Vu que l’on roulait au pas, je me suis mis à manger mon « super » sandwich calmement au volant de ma voiture, j’avais le temps donc pas de stress de retard éventuel. Arrivée à 3 bouchées de la fin de mon 2ème triangle (bon là, je vous laisse le temps de visualiser…) j’entends très nettement une petite voix à l’intérieur qui me dit : -Manges d’abord les 2 bouchées de croûte qu’il reste comme ça tu garderas le meilleur du sandwich avec toute la garniture pour la fin… Jusqu’ici rien d ‘exceptionnel, étant donné que je pense que cette phrase est là à chacun de mes repas depuis des dizaines d’années, d’ailleurs je ne l’entends même plus…Pourtant aujourd’hui je l’entends très clairement et je m’apprête à mordre sans grand émoi dans les 2 bouchées de croûte fade, …… quand….. j’entends encore plus clairement … et pour la première fois une voix qui lui répond (Pourquoi en ce jour précis, dans un instant apparemment sans grande importance, un instant tout à fait banal…mon esprit est clame et ouvert?) -Si tu mange le meilleur maintenant et que tu répète ça à chaque fois : tu mangeras à chaque bouchée le meilleur de ce qu’il te reste! Je n’ai pas compris tout de suite la puissance de cette révélation, mais quand j’ai croqué dans la meilleure partie de mon sandwich sans la garder pour la fin… j’ai réalisé que dans tous les domaines de ma vie j’avais gardé le meilleur pour la fin !!! *Faire les corvées avant de prendre du bon temps *Me débarrasser du travail avant de prendre du repos *Faire pour les autres avant de faire pour moi… Ce qui finissait la majorité du temps par : « je n’ai plus le temps, plus l’énergie, plus la motivation pour m’occuper du meilleur… ». Réaliser qu’aujourd’hui encore, j’aime ma vie et que malgré tout, des points sombres viennent gâcher le paysage et m’empêche de me sentir libre. Pourquoi? Pour garder le meilleur pour la fin? Quand? Le jour de ma mort? Bien ancrée quelque part au fond de moi, une croyance insidieuse s’est installée confortablement, tapie dans l’ombre pour s’assurer que toujours je garde le meilleur pour la fin, que je me contente de rêver du jour où j’aurai le beau et d’accepter, qu’aujourd’hui, je mange des croûtes…. La vérité peut venir de n’importe où, n’importe quand, du fond de soi-même…cette vérité qui prend sens et vient révéler les failles de notre vie. De ce jour j’ai pris la décision qu’à chaque instant je gouterais le meilleur de ce qu’il me reste et je SAIS que chacune de mes cellules (et ma vie au complet) à pris un tournant décisif dans cet embouteillage grâce à …un club sandwich! À partir d’aujourd’hui, le meilleur de ce qu’il me reste est pour MAINTENANT…. Et je mangerais mes prochains clubs sandwichs avec tout le respect qui leur est dû ;-) Sandrine Ziosi ofildesoi.ca |