As tu vraiment vécu ?

Crédit photo: Pascal Fredette

L'approche de mes 40 ans apporte avec elle son lot de questions, de remises en question et d'introspection.

Récemment, en me questionnant sur mon 18-40 ans, je me demandais si j'avais vécu.  Vivre dans le sens de profiter pleinement de la vie, de la savourer, de la vivre pas juste respirer pis passer mes journées.

Cette introspection a été tellement bénéfique...

OUI !

J'ai vécu...

J'ai dansé des nuits entières à me saouler de la musique, des pas de danses. J'ai dansé avec les murs, avec les gens, avec ma bière, avec mes amies, avec des inconnus. J'ai dansé comme si ma vie en dépendait, j'ai dansé comme si personne ne regardait, j'ai dansé parce que dansé pour moi c'est vivre.

J'ai bu (alcool), oh que oui j'ai bu, j'ai bu a ne plus me souvenir, j'ai bu a me créer de merveilleux souvenirs, j'ai bu des vins de grands crus et des piquettes, j'ai bu des portos hors de prix et des bières bas de gamme, j'ai tellement bu, que je ne bois plus. J'ai dégusté les meilleurs cafés aussi.

J'ai mangé, j'ai savouré, j'ai dégusté, j'ai englouti, j'ai mangé grano, végé, végan, carnivore, frugivore, international. J'ai mangé du chocolat noir, blanc, au lait, chaud. J'ai mangé dans les restos les plus chics et branchés, dans les petites cantines de quartier et dans les buffets à volonté.

J'ai vécu dans le moment présent, en plein conscience, dans le passé et dans le futur. J'ai vécu de l'anxiété en pensant au futur, des regrets et des remords en pensant au passé, du bonheur dans le moment présent. J'ai guéri le passé, savouré le moment présent et cessé de m'en faire (le plus possible) avec le futur.

J'ai couru, j'ai sauté, j'ai fait du sur place, j'ai levé des poids, soulever des montagnes, j'ai fait du vélo,  du roller-blade, du hula-hoop, du baladi, de la salsa, du merengue. J'ai médité, fait du yoga, du tai chi.

J'ai respiré a plein poumon et avec des pompes,  j'ai senti les fleurs, plein de fleurs, des roses, des œillets, des pissenlits et des jonquilles (mes fleurs préférées car elles sont le symbole du printemps pour moi),   j'ai manqué de souffle et j'ai eu le souffle coupé.  

J'ai vu le monde de mes yeux vu, a travers un écran et sur des photos. J'ai parcouru le monde au travers les yeux de mes amis, de mon amoureux, j'ai vu des pays du soleil à faire rêver, le désert, les villes complètement folles, et les petites campagnes reculées au bas d'un canyon. J'ai vu les plus grandes beautés et les pires atrocités. J'ai vu chaque couleur, le noir et blanc, j'ai découvert le gris et apprécié la vie en rose.  

J'ai réfléchi, trop ou pas assez. J'ai sauté à pied joint sans me questionner et je me suis questionnée trop longtemps. J'ai pensé à tout et à rien. J'ai eu des pertes de mémoires, la mémoire sélective, la mémoire courte et parfois trop longue. J'ai analysé les pours et les contres, fait des listes qui n'ont jamais vu le bout. J'ai spéculé, jugé, ruminé et j'ai rêvé, tellement rêvé.

J'ai entendu des mélodies toute douces, des musiques qui font danser, des rires qui font sourire. J'ai entendu les enfants s'amuser, les bébés pleurer en découvrant le monde. J'ai écouté la nature me parler, le silence me murmurer le bonheur, la solitude me faire peur, le bruit des grandes villes me réveiller, la vacarme des boites de nuit et le calme de la nuit tombée. 

J'ai rit aux larmes, rit jaune, j'ai rit pour un rien, j'ai rit à en perdre le souffle. J'ai rit à me créer les plus beaux souvenirs.

J'ai touché les cœurs, l'âme des gens, des corps. J'ai touché, des yeux et des mains, des œuvres d'arts, j'ai touché pour découvrir, pour sentir, pour me sentir vivante. J'ai touché le bois, le cuir, le marbre, le plastique, le faux, le vrai. 

J'ai aimé. Surtout. J'ai aimé passionnément, intensivement, intensément. J'ai aimé d'amour, d'amitié, comme une sœur. J'ai connu l'amour le plus puissant du monde, celui envers mes enfants.    J'ai mal aimé et j'ai été mal aimé. J'ai trop aimé et pas assez. J'ai eu l'amour éphémère et l'amour impossible. J'ai aimé à en perdre la raison. J'ai aimé a distance et à promiscuité. J'ai aimé à me faire exploser le cœur. Je me suis aimée.

​Bref, j'ai vraiment vécu !

Hélène Boissonneault

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