(Première partie)
Récemment, la ville de Brossard a décidé d’interdire la nudité dans les vestiaires de ses piscines publiques. Les gens devront se changer dans des cabines fermées. Cette décision a été prise à la suite de plaintes de citoyens. Celles-ci faisaient état d’un malaise face à la nudité. Des mesures ont été mises en place et ce cas a soulevé la question : serait-ce le retour à la pudeur ? À l’heure de la marchandisation excessive des corps, où la nudité se retrouve partout, en tout temps, la question mérite réflexion. Sincèrement, je ne crois pas à un retour de la pudeur, bien au contraire. Les corps s’affichent, se « selfisent », s’exhibent, s’achètent, se vendent… Je crois plutôt que la mesure prise par la ville de Brossard d’interdire la nudité dans les vestiaires nous montre à quel point le corps, sous toutes ses coutures, fait peur ; qu’il est relégué à une question de fonctionnalité ! Il nous emmène où on veut, il fonctionne sans qu’on se pose trop de questions. On le pousse à l’extrême sous la pression, le stress et la quête de perfection… Contenant une sorte de sauvagerie indomptable que l’on ne veut surtout pas aborder. Au-delà du véhicule J’ai longtemps été moi aussi dans la non-écoute de mon corps, voire même en guerre : son poids, sa densité, ses imperfections, ses ratés. Je l’ai souvent malmené, poussé à l’épuisement pour cette quête de performance, de perfection autant personnelle que professionnelle. Le grand paradoxe : je m’en occupais chaque jour en faisant du sport, mais sans jamais le considérer d’un point de vue de mon équilibre de vie. Il avait la place du quasi clandestin : je le tolérais sur le territoire, mais je ne lui accordais pas de droits de parole. Le terreau fertile du corps Ma vision du corps a radicalement changé depuis plusieurs années. Un burnout, des intolérances alimentaires, m’ont amenée sur cette voie de l’ouverture à une dimension plus vaste, holistique, pour une vie réjouissante. Puisqu’il ne voulait plus ni fonctionner ni avancer, je me suis mise à l’écouter. Le corps n’est pas un stupide véhicule dont « il faut » assurer la maintenance. Il est le terreau fertile d’une grande intelligence, d’une ultra finesse pour nous guider exactement où nous devons être dans nos vies. Il contient, renferme tous les possibles, nos forces, nos ressources, notre passé, notre présent, notre futur. L’être tridimensionnel Nous évoluons dans des sociétés fondamentalement axées sur le savoir, sur l’intelligence du cerveau. On mesure notre QI, on rationalise par la pensée chaque décision, on Cogito Ergo Sum, je pense donc je suis. Nous avons oublié la tridimensionnalité de notre être : un corps — un esprit — une âme. Se couper du corps, de ses ressentis, de sa vérité, nous coupe d’une partie de nous-mêmes, de l’être dans sa globalité. J’entends souvent dire que l’important est à l’intérieur, que la beauté vient de l’intérieur et que c’est ce qui est le plus important. Voilà un discours qui catégorise et évalue que ce qui viendrait de l’intérieur serait forcément supérieur au corps. Ce discours enferme et nous place sur l’axe de la dualité… bon/mauvais, positif/négatif, vrai/faux… Et sincèrement, je trouve ce discours « over spiritualisé ». L’âme serait-elle meilleure que la matière ? Serait-elle plus noble que le corps ? Les deux pieds sur terre L’âme et l’esprit s’incarnent dans la matière vivante du corps, du muscle et de la cellule. Sinon, où seraient-ils ? Comment vivraient-ils au quotidien s’ils n’étaient contenus dans le corps ? Nous avons bel et bien les deux pieds sur terre et la tête dans les nuages. Le corps est ce trait d’union mouvant entre la terre et le ciel. Vers un développement durable Prendre en compte cette dimension tridimensionnelle de l’être permet de nous placer dans une vision de développement durable de notre humanité et d’envisager l’équilibre plein dans nos vies. Chaque élément du vivant est important et chaque partie agit sur le tout continuellement pour former un ensemble cohérent, plein, épanouissant. Écouter, entendre les signaux faibles du corps, ses originalités, ses élans, ses soubresauts, ses retraits, ses soupirs, ses souffles, ses détentes, ses crispations nous met sur la voie de l’intelligence sensitive pour une expansion joyeuse de la vie. Co-créer avec son corps… quelques idées pour développer son intelligence sensitive Danser : sur différents rythmes (lents, rapides, saccadés…), avec des mouvements amples ou petits, avec de la musique, sans musique Marcher pieds nus Donner toute son attention à chaque geste et sensation : lorsque vous mangez, coupez des légumes, buvez une tasse de café, prenez une douche… Reposer le corps : le laisser tranquille dans une détente totale S’automasser ou se faire masser : ressentir les effets des mains sur le corps Jouer avec des matières : pâte à modeler, terre, argile, sable Lui donner du plaisir : pratiquer le slow sex Et tant d’autres choses à expérimenter ! Bonne pratique xx Corrine Jeanguillaume www.monbusinessemoi.com
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